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Donald Trump et le projet Guantanamo : une horreur américaine

Photo du rédacteur: Lola CARLIERLola CARLIER

Donald Trump, nouveau président élu des États-Unis a pris la parole le 29 janvier pour annoncer qu’il prépare l’envoi de 30 000 migrants sans papiers vers la base de Guantánamo, au sud de Cuba.


Le chef d’Etat Républicain a formulé son souhait d'enfermer les migrants en situation irrégulière contre leur gré pour les garder à l'œil, se justifiant en expliquant que « certains d’entre eux sont si mauvais que nous ne faisons même pas confiance aux pays qui les détiennent, nous ne voulons pas qu’ils reviennent ».


Cette déclaration fait partie de sa nouvelle politique anti immigration massive et très répressive, notamment envers les ressortissants d’Amérique latine. "Toutes les entrées illégales seront immédiatement stoppées et nous commencerons à renvoyer des millions et des millions d'étrangers criminels là d'où ils viennent", avait martelé le président républicain. Il souhaite repousser, selon ses mots, l’invasion désastreuse de son pays. C’est pour cette raison que l’homme a également signé un décret déclarant l’état d’urgence à la frontière avec le Mexique et compte s'attaquer au droit d’asile et au droit du sol.


La semaine dernière, des Colombiens avaient été renvoyés en avions militaires dans leur pays d’origine. Ces derniers jours, la plateforme de demandes d’asile mise en place par l’administration Biden a cessé de fonctionner, plongeant des milliers de personnes en situation irrégulière dans le désespoir et la peur.



Une base déjà utilisée depuis des années 

Le président Cubain Miguel Diaz Canel a réagi dès l’annonce, qualifiant d’”acte brutal” cette prise de décision et s’y opposant fermement. Les détenus seront dans la théorie placés dans un centre de rétention pour migrants déjà existant mais pas encore occupé à 100% de ses capacités, comme le souhaite Trump.


En effet, en septembre, le New York Times avait divulgué des documents attestant de la présence de migrants interceptés en mer au sein du centre accolé à la prison. Cette annonce avait offusqué les associations de défense des droits humains, qui avaient alors dénoncé les mauvais traitements sur place, se basant sur des témoignages. Les détenus seraient surveillés lorsqu’ils appellent un avocat, sont forcés à porter des lunettes occultantes lors de leurs transports et cohabitent au quotidien avec les rats à cause de mauvaises conditions d’hygiène.



Guantanamo, le secret honteux de l’Amérique

Pour rappel, la prison de Guantanamo avait été ouverte en 2001 en réaction aux attentats du 11 septembre, qui avaient choqué les Etats-Unis et les avaient laissés demandeurs de vengeance. Spécialement conçue pour détenir des personnes suspectées d’être en lien avec des activités terroristes, elle connut un pic dans le nombre de détenus incarcérés au début des années à son ouverture, avant de diminuer progressivement pour en compter une quinzaine aujourd’hui. Des personnes toujours dans l’attente et l’incertitude, cachées du reste du monde.


L’endroit est connu pour être un centre de torture et de bafouement des droits humains particulièrement violent, et s’est retrouvé sous le feux des accusations de nombreuses fois. Pour Jeanne Sulzer, responsable de la commission Justice Internationale à Amnesty International France, il s’agit d’une zone de non droit, "C’est un centre de détention arbitraire dans lequel les détenus ne connaissent toujours pas les charges pesant contre eux après dix à douze ans de détention précédés, pour la plupart, de périodes d'emprisonnement dans des centres de détention secrets dirigés par la CIA", explique-t-elle. Au total, environ 800 détenus sont passés par la prison de Guantanamo, dont 15 mineurs. 9 personnes y sont décédées. De nombreuses tortures y ont été recensées, allant de la simulation de noyade, à la privation de sommeil en passant par les violences sexuelles. La CIA a par la suite effacé de nombreuses preuves, enregistrements et vidéos de ces pratiques.



En dehors de tout cadre international 

Dans un décret présidentiel, George Bush précisait que l’article 3 de la convention de Genève, c’est à dire celui sur les conditions de détention des détenus, ne s’appliquait pas aux membres d’Al Qaida et aux talibans. Celui-ci avait par ailleurs déclaré qu’ils ne seraient pas traités comme des prisonniers de guerre, car ils étaient plutôt des “combattants illégaux”


Échappant alors au droit international, l’administration américaine se justifiait par la nécessité de sauver des milliers de vies et d'empêcher de nouvelles attaques sur leur sol. Aujourd’hui, les anciens tortionnaires de Guantanamo n’ont toujours pas été trainés en justice, même lorsque l'innocence des détenus avait été prouvée, comme c’est le cas de Mohamedou ould slahi, accusé à tort, dont l’histoire a été adaptée au cinéma en 2021. 


Donald Trump, en plus de redonner un souffle à la base de Guantanamo, s’était opposé à sa fermeture, vœu qui avait été formulé par l’ancien président démocrate Joe Biden, ou encore Barack Obama avant lui.


Peu d’espoir donc pour les anciens prisonniers et ceux toujours enfermés d’obtenir justice un jour pour les violences et traumatismes vécus, dans l’ombre de la brillante démocratie Américaine.


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