Le mois de février est considéré comme le « Black History Month ». Principalement célébré au Canada et aux États-Unis cette initiative est destinée à corriger l’effacement de l’histoire noire dans les programmes scolaires et dans la mémoire collective.
Si la communauté LGBTQ+ a le mois des fiertés en juin, la communauté noire a elle aussi quelques semaines pour tenter de conserver une trace des horreurs de l’histoire noire dans les programmes scolaires et dans la mémoire collective. Le mois de février est donc dans les anciens états esclavagistes que sont les États-Unis et le Canada, Black History Month. S’il a toujours été admis comme une part entière de la culture américaine, il est important de se rappeler les origines de l’initiative et pourquoi elle revêt une importance encore particulière dans le monde d’aujourd’hui.
Du « Negro History Week » au « Black History Month »
C’est en 1926 que la célébration née aux États-Unis. Afin de mettre en lumière les contributions longtemps négligées des Afro-Américains à l’histoire du pays, l’historien Carter G. Woodson, souvent considéré comme le « Père de l’Histoire Noire » va lancer le concept de Negro History Week. Pour ce faire, il fonde dès 1915, l’Association for the Study of Negro Life and History (L’ASNLH rebaptisée aujourd’hui ASALH) dans le but de promouvoir une étude scientifique et rigoureuse de l’histoire noire.
Le choix du mois de février pour cette semaine n’est d’ailleurs pas anodin vu qu’il permet d’englober les anniversaires d’Abraham Lincoln et de Frederick Douglass, deux figures symboliques pour la communauté noire et des repères historiques déjà célébrés par les afro-américain depuis la fin du XIXème siècle.
Au fils des décennies, poussée par des militants et des intellectuels, l’initiative va gagner en ampleur. Face à la marginalisation des récits noirs dans les programmes scolaires dans un contexte de mouvement pour les droits civiques, il devient nécessaire de donner plus de visibilité à l’histoire des noirs. Il faudra cependant attendre 1976 et le bicentenaire des États-Unis pour que Gerald Ford, président à l’époque officialise le passage de la semaine au mois, faisant du Negro History Week, le Black History Month . Cette extension va permettre la valorisation au fil du temps, de figures emblématiques comme Harriet Tubman - militante antiraciste et abolitionniste -, Martin Luther King Jr - pasteur chrétien baptiste et militant non violent afro-américain - ou encore Malcom X - orateur, prédicateur, porte-parole de Nation of Islam, et défenseur des droits de l'homme -. Elle va aussi aller au-delà des ces grandes figures et reconnaître la contribution quotidienne de milliers de personnes dans tous les domaines.
Un mouvement international
S’il est né aux États-Unis, le concept a su s’exporter. Au Canada par exemple, la célébration s’inscrit dans une dynamique similaire à celle des États-Unis, tandis qu’au Royaume-Uni, cette commémoration a évolué et se déroule généralement en octobre. Ces adaptations montrent une chose, ce mouvement revêt une dimension qui dépasse les frontières et permet partager l’objectif commun de reconnaître et de célébrer l’héritage et les contributions des personnes d’ascendance africaine.
Au Royaume-Uni par exemple, de récents évènements montre un désir de réapproprier les narratifs autour de l’Histoire noir. Au-delà de Black History Month qui s’installe lentement dans l’imaginaire collectif des Britanniques, Des initiatives telles que l’installation de plaques commémoratives ou des expositions dans des lieux emblématiques visent à corriger les inexactitudes historiques et à offrir une vision plus complète et inclusive de l’héritage noir.
Avec ce mouvement, on peut voir une tendance s’intensifier. La volonté de faire de l’éducation et la Culture des outils de transformation sociale. Une tendance qui est de plus en plus en danger avec la montée des mouvement d’extrêmes droites et des fascistes partout dans le monde.
Une commémoration toujours sujet à débat
De par son rôle de puissant outil éducatif, le Black History Month est l’une des nombreuses initiatives auxquelles s’attaquent les mouvement cherchant à lutter contre un soi-disant wokisme. Dans un contexte où des mouvements tels que Black Lives Matter ont mis en lumière les inégalités raciales et la violence policière, cette période de commémoration qui souligne que l’histoire noire n’est pas seulement un souvenir lointain, mais une réalité vivante qui façonne encore notre société aujourd’hui, de nombreux débats persistes.
Par exemple, depuis l’arrivée de Trump et de sa politique anti tout ce qui n’est pas un homme blanc et riche, une déclaration s’est perdue dans la sensation de submersion de décrets que connais le monde. En effet, alors que la maison a publié en ce début de mois de février 2025 une proclamation officielle célébrant le Black History Month, le Département de la Défense du pays a pris comme le précise APNEWS le chemin opposé. Selon ce dernier, « les mois d’identité étaient morts » aux yeux du département. Cette déclaration implique donc non seulement le Black History Month mais aussi, le Mois de l’Histoire des Femmes ou encore celui dédié aux personnes handicapées.
D’autres débats, antérieurs, tournent aussi autour de la durée de la commémoration. Dès le début des années 2000, plusieurs personnalités et acteurs culturels remettent en cause le confinement de l’histoire noire à un seul mois de l’année. En 2005 par exemple, des personnes comme Morgan Freeman affirmaient qu’il était réducteur de cantonner l’histoire noire à février car « L’histoire noire, c’est l’histoire américaine ». La multiplication de telles propos a poussé à évoquer l’hypothèse que l’histoire afro-américaine intègre l’éducation et le discours public de manière permanente.
Le Black History Month est donc bien plus qu’une commémoration annuelle ou un hashtag trendy. C’est un mouvement éducatif et culturel qui lutte contre l’effacement de l’histoire noire et qui appelle à une reconnaissance continue de la contribution des Afro-Américains – et, par extension, de la diaspora africaine – dans la construction de nos sociétés.
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