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Falsettos : portrait d'une famille brisée

Photo du rédacteur: Vagabond MediaVagabond Media

Dernière mise à jour : 8 févr.

"L’amour peut raconter des millions d’histoires, tel est le mantra de Falsetto. Mêlant humour", drames et musiques restant dans la tête, cette comédie musicale aux multiples prix à fait l'unanimité lors de sa sortie, abordant des sujets jugés tabous par la société.


Falsettos est une comédie musicale en deux actes tirée d’un livre du même titre. Écrite et composée par William Finn et James Lapine, elle a été représentée pour la première fois au théâtre John Golden le 29 avril 1992. Le succès de Falsettos peut s’expliquer par le contexte de sa sortie, les années 90. À une époque où la stigmatisation de la communauté LGBT et l’épidémie de VIH/SIDA ciblaient les mouvements artistiques, Falsettos osait raconter une histoire d’amour homosexuelle.


L'œuvre est nommée pour sept Tony Awards et remporte celui du Meilleur livre de comédie musicale ainsi que de la Meilleure musique originale. Sa seconde représentation à Broadway, qui a été filmée, sera nommée pour cinq Tony Awards.



Acte 1 : L'introduction d’une famille dysfonctionnelle

March of the Falsettos est le premier acte du livre et le premier de la comédie musicale. Tout commence à New York, en 1979, dans une famille juive dysfonctionnelle. Marvin, le père de famille homosexuel, Whizzer, son amant, Mendel, son psychiatre, et Jason, son fils de 10 ans, sont en train de se disputer (Four Jews in a Room Bitching). L’ex-femme de Marvin et mère de Jason, Trina, vient les rejoindre en exprimant son ennui face à son exclusion par les hommes de sa famille. Trina part voir le psychiatre Mendel, tandis que Marvin évoque plus en détail l’histoire de sa famille (A Tight-Knit Family / Love is Blind).


On en apprend davantage sur la vision traditionnelle et misogyne de la famille qu’a Marvin, se voyant comme l’homme de la maison et attendant de sa femme et de son amant qu’ils cuisinent et nettoient. On découvre également les perspectives de chaque personnage, en particulier leur vision de l’amour, l’un des thèmes centraux de la pièce. Malgré les épreuves qu’ils traversent, la comédie musicale met en lumière ce que chacun pense de l’amour, les différents types d’amour qu’ils vivent et le rôle fondamental que cela joue dans leur vie.


La chanson suivante (The Thrill of First Love) approfondit la relation entre Marvin et Whizzer. On comprend que Marvin force Whizzer à avoir un rôle de femme au foyer et qu’il cherche à le contrôler. Cette chanson révèle aussi leur conflit et leurs attentes divergentes en matière de relation : Marvin veut une relation stable et durable, tandis que Whizzer ne recherche que des aventures sans attachement.


Marvin se rend ensuite chez Mendel, son psychiatre (Marvin at the Psychiatrist – A Three-Part Mini Opera), et parle de ses problèmes avec Trina, Whizzer et son fils Jason. On comprend que Marvin doute de l’amour que lui porte Whizzer. De plus, Mendel, en plus d’être un mauvais psychiatre, est attiré par Trina et accapare la session en posant des questions sur l’ex-femme de Marvin. Marvin souhaite aussi rétablir sa relation avec son fils et demande des conseils à ce sujet.


Les deux chansons suivantes (My Father’s a Homo / Everyone Tells Jason to See a Psychiatrist et This Had Better Come to a Stop) abordent la famille dans son ensemble. Trina puis Marvin essaient de convaincre Jason de voir un psychiatre, le trouvant trop renfermé sur lui-même. C’est finalement Whizzer qui parvient à le convaincre, ce qui montre que Jason a davantage confiance en lui qu’en ses propres parents. Ensuite, Marvin reproche à Whizzer de ne pas avoir préparé le dîner, révélant une fois de plus son désir de faire de son amant une femme au foyer. Whizzer et Trina expriment leur frustration d’aimer quelqu’un comme Marvin. Jason et Mendel se joignent à eux et dénoncent l’habitude de Marvin de rejeter la faute sur les autres.


Trina interprète ensuite son premier solo (I’m Breaking Down), où elle dévoile toute la charge mentale qu’elle subit en jouant continuellement le rôle de l’épouse forte et joyeuse.



Acte 2 : Falsettoland

Lors du passage à l’acte deux, Falsettoland, plus d’un an s’est écoulé. Jason a 12 ans et se prépare pour son Bar Mitzvah, une cérémonie juive marquant le passage à l’âge adulte. Marvin et Trina ont appris à s'entendre pour le bien de Jason, dont ils partagent la garde. Trina et Mendel sont toujours ensemble, tandis que Marvin et Whizzer sont séparés.


Le numéro d’ouverture de l’acte deux (Falsettoland) introduit les personnages et présente deux nouveaux venus : le Dr Charlotte et sa compagne Cordelia.

On ressent que Jason est moins intéressé par son Bar Mitzvah que Mendel, Charlotte, Cordelia, Trina et Marvin. Ces deux derniers se disputent sur l’organisation de la cérémonie (Year of the Child). Jason, lui, s’interroge sur quelle fille inviter (Miracle of Judaism), sans trouver personne qui l’intéresse. Pendant son match de baseball, sa famille le soutient (The Baseball Game). Whizzer, invité par Jason, assiste au match et reprend contact avec Marvin. Peu après, ils renouent leur relation amoureuse.


La suite montre un jour dans la vie des trois couples : Mendel se plaint de son travail et ne satisfait plus sexuellement Trina, Charlotte et Cordelia se reposent après une journée de travail, et Marvin et Whizzer jouent au racquetball ensemble, heureux de s’être retrouvés. Jason, lui, est contrarié par les disputes constantes entre ses parents sur l’organisation du Bar Mitzvah et envisage de l’annuler (Everyone Hates His Parents).


Cependant, après cette période de bonheur, Charlotte réalise qu’une mystérieuse maladie commence à toucher la communauté homosexuelle (Something Bad is Happening). Cette maladie, le SIDA, se manifeste brutalement lorsque Whizzer s’effondre lors d’un match contre Marvin (More Racquetball). Hospitalisé, Whizzer est diagnostiqué séropositif. Trina prend conscience de la gravité de la situation et réfléchit à l’importance de sa famille, malgré son caractère dysfonctionnel (Holding to the Ground).


Le reste des personnages se rend à l’hôpital (Days Like This). Jason hésite à annuler son Bar Mitzvah en raison de l’état de Whizzer (Canceling the Bar Mitzvah), mais finit par décider de la célébrer dans la chambre d’hôpital de son ami mourant (Jason’s Bar Mitzvah).


À la fin de la cérémonie, Whizzer succombe au SIDA. La scène se transforme alors en cimetière, où Marvin pleure la perte de son amour (What Would I Do). La comédie musicale se termine sur une note sombre : Jason pose une pièce d’échecs sur la tombe de Whizzer, puis toute la famille se réunit dans une étreinte pour clôturer le spectacle.



Quand la fiction rejoint la réalité

Si Falsettos semble être une simple comédie musicale, elle s’appuie sur des réalités sociales et historiques des années 80. Chaque personnage illustre une problématique de l’époque. Trina, par exemple, incarne la condition féminine et la charge mentale des femmes. Son solo (I’m Breaking Down) illustre leur rôle souvent invisible et la pression qu’elles subissent pour maintenir une apparence de bonheur.


De son côté, Whizzer représente les victimes du SIDA, une maladie qui a décimé une grande partie de la communauté homosexuelle dans les années 80. Son destin est suggéré tout au long de la pièce, notamment dans (More Racquetball), où il s’effondre en jouant contre Marvin.


Enfin, le décor minimaliste – un simple cube – symbolise la famille. Il est détruit et reconstruit au fil des actes, soulignant les tensions et réconciliations qui rythment l’histoire.


Falsettos n’est pas qu’une comédie musicale : c’est une œuvre qui reflète des luttes bien réelles et on vous la recommande pleinement, surtout dans le contexte actuelle.

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