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En Indonésie, la forêt perd du terrain

Photo du rédacteur: Harold MENSAH ATTOHHarold MENSAH ATTOH

La déforestation en Indonésie s’est accrue en 2024 selon l’ONG indonésienne Auriga Nusantara. Sur l’année écoulée, une superficie de forêt équivalente au département français de l’Essonne a été déboisée.


Selon Auriga Nusantara une ONG indonésienne, qui s’est basé sur des images satellites et une enquête de terrain, la déforestation en Indonésie s’est accrue au cours de l’année 2024. D’après cette dernière, 261 575 hectares de forêts primaires et secondaires ont été déboisés pendant l’année soit 4000 hectares de plus qu’en 2023. A l’échelle de la France, cette superficie correspond à peu près à la taille d’un département comme le Rhône ou l’Essonne.

 

Un phénomène au facteurs multiples…

Ce phénomène qui est en cours depuis des décennies s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le pays possède de nombreuses plantations destinées à fournir du bois tropical. En 2021, le pays faisait parties des principaux exportateurs de bois derrière les États-Unis, la Chine, le Canada ou encore le Brésil. Si le milieu est relativement régulé, une part de l’exportation est souvent issu d’une exploitation illégale. En effet, la corruption dans le pays et le manque de surveillance facilitent la coupe illégale de vastes zones forestières.


En plus de cette exploitation, de nombreux hectares sont attribués à la culture d’huile de Palme. Huile végétale est la plus utilisée dans le monde, l’huile de palme est omniprésente dans nos produits de consommation courante comme les shampooing, la lessive ou encore les agrocarburants et l'Indonésie en est le premier producteur mondial. Selon le journal Reporterre, en 2023, la production indonésienne d'huile de palme a atteint 55 millions de tonnes, soit 54 % du marché mondial. Pour répondre à la demande grandissante, les forêts tropicales sont rasées pour faire place à ces plantations au détriment de la biodiversité et des communauté locales.

Un autre facteur qui explique cette augmentation est l’agriculture sur brûlis qui consiste à brûler une zone de forêt ou de végétation pour pouvoir y cultiver des plantes. Elle entraîne souvent des incendies incontrôlables en période de sécheresse et crée un brouillard toxique qui affecte l’Indonésie mais aussi la Malaisie et Singapour.


Enfin, la dernière cause de cette déforestation est la hausse de l’exploitation minière entre 2001 et 2023. L’Indonésie est le 4ème producteur mondial de Charbon et le 1er producteur de Nickel. Selon une étude de The TreeMap, une start-up spécialisée dans la protection de l’environnement, cité par l’AFP, l'exploitation minière en Indonésie, a entraîné la destruction d'environ 721 000 hectares de forêts entre 2001 et 2023. Ce qui équivaut à la superficie d’un département comme la Haute-Savoie.

 

…Aux lourdes conséquences

Les étendues forestières restantes en Indonésie abritent une biodiversité extrêmement riche et constituent des habitats essentiels pour nombre d’espèces menacées. En effet, L’Indonésie abrite des espèces emblématiques comme l’orang-outan de Sumatra et de Bornéo, le tigre de Sumatra et l’éléphant d’Asie. La déforestation continue contribue activement à la destruction de l’habitat naturel de ces espèce qui sont en danger d’extinction.


Si la biodiversité est fortement bouleversée par la déforestation, il ne faut pas oublier les conséquences du phénomène sur les humains. De nombreuses populations autochtones dépendent directement des forêts pour leur subsistance, notamment pour l'agriculture, la pêche et la récolte de produits forestiers non ligneux et la déforestation réduit ces ressources vitales, menaçant leur sécurité alimentaire et économique. De plus, la destruction des forêts perturbe les cycles de l'eau, entraînant à termes une diminution de la qualité de l'eau et affectant l'approvisionnement en eau potable. Et enfin, la déforestation modifie les habitats naturels, augmentant le contact entre les humains et les animaux sauvages, ce qui facilite la transmission de maladies zoonotiques. Par exemple, en Indonésie et en Malaisie, la migration des chauves-souris fruitières causée par la déforestation a entraîné la propagation du virus Nipah.


Les conséquences de ce phénomène vont aussi toucher directement la planète entière. Selon le rapport annuel de Global Forests Watch de 2020, la destruction des forêts primaires indonésiennes a entraîné l'émission d'au moins 2,64 gigatonnes de CO₂, soit l'équivalent des émissions annuelles de 570 millions de voitures. Outre le CO₂, la déforestation libère d'autres gaz à effet de serre, tels que le méthane et le protoxyde d'azote, contribuant ainsi au réchauffement climatique. Enfin, les forêts tropicales indonésiennes jouant un rôle crucial dans l'absorption du CO₂ atmosphérique, leur destruction diminue cette capacité de séquestration, aggravant ainsi l'effet de serre.


Malgré ces conséquences, le gouvernement indonésien a annoncé en janvier vouloir utiliser des millions d’hectares de zones forestières supplémentaires pour les transformer en réserves de nourriture, d’énergie et d’eau. Cette décision qui vise selon le président Prabowo Subianto à renforcer l’autosuffisance alimentaire et énergétique du vaste archipel, va surtout accélérer la déforestation et condamner définitivement l’écosystème du pays. Preuve s’il en faut que l’écologie a encore du soucis à se faire face à l’économie.

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